Aline Aubry. Comment êtes-vous venue à l’écriture ?

J’ai toujours écrit. Comme une respiration, dès ma petite enfance, j’écrivais sur n’importe quel bout de papier. Des poèmes, chansons, histoires, de simples notes ou une phrase qui me paraissait importante. L’écriture me semblait naturelle, un moyen profond de m’exprimer.

Comment résumeriez-vous votre dernier ouvrage ?

Quand on parle d’hôpital psychiatrique, les mots comme folie, délire, enfer et honte reviennent inlassablement. Mais suivez-moi dans l’un de ces établissements et vous y trouverez humanité, authenticité, détresse et sensibilité. Et vous vous demanderez avec moi, à l’art-thérapie : « Comment tant de souffrance peut-elle engendrer tant de beauté ? ».

Comment naissent vos histoires ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Elles naissent d’une réalité qui me touche et que je trouve légitime de vouloir partager, révéler. Elle naît aussi, plus légèrement, de la Création : l’histoire de la goutte d’eau sur le brin d’herbe peut devenir un roman. Elles peuvent naître d’une simple émotion. La théologie et la philosophie se bousculent entre moi et mon vécu et c’est aussi une source d’inspiration.

Comment bâtissez-vous vos récits ? Avez-vous une méthode ?

D’abord, je prends des notes. Parfois durant des années. L’idée est là, tout ce qui la concerne est engrangé. Puis quand les éléments sont suffisants, je commence à imaginer le plan de l’histoire. J’établis les personnages, les nomme, leur donne vie. Ensuite, quand tout est prêt, j’attends l’inspiration pour commencer à rédiger. Soit elle vient toute seule, soit j’écoute une musique représentative de mon histoire. Et dès que la machine est lancée, en général, ça continue. Sinon la musique m’inspire toujours..

Avez-vous des habitudes d’écriture ? Travaillez-vous sur ordinateur ou sur papier ?

J’écris toujours à la main, généralement sur des cahiers à anneaux, sinon sur des feuilles A4 volantes. Puis quand le manuscrit est terminé, je le dicte à une personne qui l’introduit dans l’ordinateur.
J’ai souvent des idées et je les note tout de suite, sur ce qui me tombe sous la main. Parfois, il m’est difficile de rassembler tous ces papiers différents, surtout en cas de déménagements !
J’écris souvent en silence, parfois en écoutant de la musique. Je peux écrire n’importe où.

Que représente pour vous l’écriture ? Une sorte de prédisposition ? Une nécessité ?

C’est l’expression de mon être total intérieur, de celui qu’on appelle le « soi » en psychanalyse. C’est comme si mon cœur parlait à ma main. Comme si un flux coulait de mon esprit à mon papier. C’est une nécessité.

Quels sont vos autres activités en-dehors de l’écriture ?

La musique classique via le chant, les chorales ou l’opéra. Les balades dans la nature, grande source d’inspiration. La recherche de minéraux et de champignons. Les contacts avec mes enfants. Du tir au petit calibre. Je prends aussi des cours de théologie et philosophie à l’université.

Travaillez-vous déjà sur un autre projet ?

J’ai toujours des projets en route. Mais comme je le disais, ça commence par la prise de notes et l’engrangement de beaucoup d’éléments. C’est un long parcours.

Interview réalisée par Corine Mercier
Rédactrice